Les Monuments

Usine de Trilbardou

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Par un de nos visiteurs, Steffen Röhner

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L'eau qui danse (J. Baraquin, Ph Petithomme, C. Gaudin)

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Histoire de l'usine de Trilbardou

Pendant les étés 1856 à 1865, de grandes sécheresses ont paralysé la circulation sur les canaux Saint-Martin et Saint-Denis, obligeant à interrompre la navigation jusqu'à 40 jours. La Ville de Paris fût autorisée, par décrets en date du 14 avril 1866 à compléter le niveau du canal de l’Ourcq en puisant de l’eau dans la Marne, à l’aide de deux usines élévatoires situées l’une à Trilbardou, l’autre à proximité du barrage d’Isles les Meldeuses, à Villers les Rigault. Ces périodes de sécheresse exceptionnelle, s’ajoutant à l’extension de la distribution de l’eau dans Paris, firent s’opposer les intérêts de la Ville de Paris et de la Compagnie des Canaux, Cette dernière, usant des droits qu’elle possédait sur le canal de l’Ourcq, utilisait une partie de son eau pour la marche d’usines établies et louées par elle le long du canal, privant de ce fait Paris d’une partie de l’eau qui lui aurait été nécessaire. Ce conflit trouva son aboutissement par le rachat de la concession le 21 mars 1876. C’est dans ce contexte que se situe la construction de l’usine de Trilbardou.

A Trilbardou, le canal de l’Ourcq et la Marne ne sont éloignés que de 40 mètres. La Marne plonge ensuite vers le Sud-ouest pour se jeter dans la Seine. Au bord de la Marne était implantée la société Langenard et Cie qui exploitait une usine de tréfilerie et de laminage. L’énergie était fournie par une roue à aubes et trois locomoteurs (machines à vapeur) d’une puissance de 15 CV chacun. L’eau de la Marne servait aussi au refroidissement des pièces fabriquées. Cette usine fut détruite par un incendie. Le sieur Pachot, son propriétaire, ne souhaita pas donner suite à l’autorisation de reconstruire qui lui avait été accordée par décret impérial du 16 avril 1862. La société Langenard fit faillite en 1864.

La roue de Sagebien
photo Bernard GENDRE,
collection AFLO, 2006

La Ville de Paris, grâce à un arrêté signé par le baron Haussmann, Préfet de Paris et Belgrand, directeur des eaux et égouts de Paris, le 20 juin 1864, racheta l’usine et les droits d’eau. Les machines à vapeur vont permettre de réaliser en première urgence de faibles pompages pour alimenter le canal. Mais les locomoteurs ne pompent que 40 litres d’eau par seconde chacun. La Ville de Paris achète aussi le moulin de Mareuil les Meaux, situé un peu en amont, afin de cumuler sa chute d’eau avec celle de Trilbardou. En rehaussant quelque peu le barrage on obtenait en tout une chute de 1,20 mètres. Le décret du 14 avril 1866 va permettre de transformer le site de Trilbardou en véritable usine élévatoire. Mais dès 1865 les travaux de pose de canalisations, de création du bras d’amenée et du bras de fuite sont entrepris. Parallèlement à ces travaux, des concours sont lancés pour la conception de machines à vapeur et d’une machine hydraulique de forte puissance. Ces travaux ne s’achèveront réellement qu’en 1880, par les derniers aménagements des bâtiments.

Le 21 janvier 1865, la Ville de Paris commande aux établissements FARCOT trois systèmes brevetés composés de deux pompes à double effet mues par des machines à vapeur, pouvant chacun pomper 150 litres par seconde. Ces machines, de moyenne puissance, sont livrées à partir du 29 août 1865, pour la somme de 17 426 Francs de l’époque.

Les pompes Sagebien
photo Bernard GENDRE,
collection AFLO, 2006

Entre 1867 et 1869 Alphonse Sagebien réalise, pour la somme de 135 000 Francs de l’époque le « moteur hydraulique et pompes système Sagebien ». Cette machine aujourd’hui classée Monument historique continue à fonctionner. Les pièces de la machine sont fabriquées à Amiens par la société Delaye-Dury et J. Sibut.

Dans l’atelier, une pompe Farcot de moyenne puissance est installée en 1868.


L'usine de Trilbardou au d�but du 20� si�cle

Ed. A. Proust, Coll. Réaume
Date : 17 Novembre 1914 (date de la Poste)
Collection MA

Les machines à vapeur nécessiteront la construction d’un système de transbordement du charbon amené par les flûtes d’Ourcq. Ce système se compose d’un chemin de fer allant du canal à l’usine, en passant au dessus de la route, à 12,50 m. de hauteur. Les machines consomment 3 tonnes de charbon par 24 heures. On discerne encore aujourd’hui les contours de la plateforme aux niveau du canal. Un wagonnet Decauville a été conservé et est exposé à l’usine.

La société FARCOT fournit en 1885 deux machines à vapeur de forte puissance, installées dans le bâtiment de brique rouge. Pour renforcer les pompages, une autre sera construite en 1889 et démontée seulement en 1964.

En 1925 une roue à aubes de petite taille actionnant une pompe Wauquier vient remplacer la pompe Farcot installée en 1868.

L’usine élévatoire de Trilbardou évolue en 1930 avec l’implantation de la turbine Teysset, Cette turbine permet de fabriquer l’électricité qui alimente le moteur entraînant une pompe Wauquier de 500 l/s.

Les deux machines à vapeur Farcot de 1885 seront ensuite remplacées en 1935 par deux pompes électriques Baudey-Bergeron de type ST40 ayant une capacité de pompage de 1000 l/s.

En 1940, deux Bergeron type SBR95 de 500 l/s viendront renforcer la capacité de pompage.

Enfin, en 1965 une pompe à moteur diesel Poyaud de 1100 l/s est installée pour remplacer la dernière machine à vapeur Farcot démontée en 1964. Pour remplacer l’ancien système de courroies, un réducteur de vitesse est implanté entre la turbine Teysset et la pompe Wauquier, qui est déplacée.

Alors que les machines à vapeur sont remplacées par des moteurs diesel ou électriques, la machine de Sagebien, dont la roue sera refaite en 1897 et en 1929 est conservée, en raison de ses importantes capacités de pompage.

Par arrêté du 22 octobre 1987, les deux bâtiments abritant les dispositifs techniques, la roue hydraulique Sagebien, les vestiges de la vanne motrice, les quatre pompes aspirantes Sagebien, la cloche d'équilibre et le pont-roulant sont inscrits à l’inventaire des Monuments Historiques, en même temps que la turbine hydraulique de Girard à Villers les Rigault, puis classés Monument Historique en 1992.

En 1991, le musée de Trilbardou ouvre ses portes, à l’emplacement de l’ancien atelier. Aujourd'hui, l’usine de Trilbardou continue son travail de pompage durant la saison sèche pour rehausser le niveau du canal de l’Ourcq qui amène chaque jour au bassin de la Villette environ 280 000 m3 pour permettre la navigation sur le réseau des canaux de Paris et alimenter la capitale en eau non potable.

L'usine de Trilbardou après son ravalement (2015)

L'eau qui danse

Un film réalisé par Jean BARAQUIN, Philippe PETITHOMME et Claude GAUDIN, Mairie de Paris.

Voir aussi :

La machine de Sagebien

Un projet d'usine de pompage à Trilbardou

Biographie de Alphonse Éléonor SAGEBIEN

Visiter l'usine de Trilbardou

Bibliographie

Claude GAUDIN, Le Canal de l'Ourcq, Réseau fluvial de la ville de Paris, in Actes du colloque "le canal de l'Ourcq hier, aujourd'hui, demain, organisé par Au fil de l'Ourcq, 2002, éditions AMARCO

Eugène BELGRAND, Les eaux nouvelles (cité par Claude Gaudin dans les actes du colloque de AFLO, op. cité).